Prévoyance, Maladie, Décès :
Êtes-vous bien préparé (e)?

Article écrit en collaboration avec Hélianthe perspectives, experts en prévoyance et planification financière

Comprendre le système des 3 piliers

AVS, AI, LPP, 3ème pilier… Vous êtes perdus dans ce jargon administratif et votre quotidien vous laisse peu de temps pour vous poser la question de toutes façons. Salarié, vous vous en remettez à votre employeur pour faire le nécessaire et vous avez signé votre contrat les yeux fermés. Votre dernier certificat annuel LPP ? Au mieux, il est archivé dans un tiroir, ou, faute d’attention, il a fini dans la corbeille.

Vous faites peut-être même partie des 51% de salariés suisses qui n’ont pas de 3ème pilier?

« Pas si importante ma prévoyance ! J’y penserai le moment venu. »

Et si ce moment arrivait plus vite que prévu ?

Et si le bon moment pour y penser c’était justement lorsque tout va bien? 

Pour tout comprendre de l’Assurance Vieillesse et Survivants (AVS), l’Assurance Invalidité, la Prévoyance Professionnelle (LPP) et de l’intérêt du 3ème pilier, laissez-vous conter l’histoire de… 

Une famille heureuse, une bonne situation professionnelle et pourtant...

M. et Mme Dupont, gentil couple genevois, sont les parents de l’adorable Julie, 8 ans. M. Dupont a 44 ans, il est employé de commerce, en poste dans la même société depuis ses 21 ans. Ses revenus annuels de CHF 120 000.- couvrent le mode de vie confortable de la famille. Ils habitent un appartement avec terrasse à Versoix acquis pour CHF 1 000 000,- pour lequel ils ont souscrit un crédit hypothécaire d’une valeur de CHF 750 000,- et économisent pour leurs prochaines vacances.

Mme Dupont s’est longtemps consacrée à sa famille et à l’éducation de sa fille. Elle s’est lancée depuis peu dans une activité de manucure à domicile, apportant un petit complément de revenus au ménage de l’ordre de CHF 12 000,- par année.

M. Dupont n’a jamais prêté attention à sa prévoyance et il n’a pas encore souscrit au 3ème pilier, reportant la question à ses 50 ans. Il reçoit son certificat LPP tous les ans, rassuré que son employeur respecte ses obligations sociales. Il ne comprend pas grand-chose à son certificat, mais le classe consciencieusement dans son classeur bleu, rangé dans le dernier tiroir de son bureau.

M. Dupont est sportif, enfin il essaie de l’être. Ces derniers temps, il sent qu’il a plus de difficultés à reprendre son souffle pendant sa partie de squash avec son collègue M. Hoffer. Quand il ressent une douleur à la poitrine en montant les escaliers au bureau, il se décide à consulter.

... quand les difficultés arrivent c'est la perte de revenus assurée

Le cas de M. Dupont est grave. Il est dans l’incapacité de travailler et est déclaré invalide à plus de 70% pour cause de maladie. Il ne peut plus exercer son activité professionnelle et se demande comment il va subvenir aux besoins de sa famille.

Son premier réflexe est de se rapprocher de son employeur. Malheureusement, l’employeur de M. Dupont n’a pas souscrit à l’Assurance Perte de Gain pour maladie qui est facultative. Celle-ci lui aurait permis de verser des indemnités journalières (IJM) à son salarié dès le début de son arrêt de travail.

En cas d’accident, survenu aussi bien dans sa vie quotidienne qu’à son travail, M. Dupont aurait alors perçu une rente égale à 80% de son dernier revenu au titre de la LAA (Loi Assurance Accident), une assurance obligatoirement souscrite par l’employeur, et cela sans délai de carence. Mais, comme dans 90% des cas (source : OFAS, Office Fédéral d’Assurance Sociale), l’invalidité de M. Dupont est liée à la maladie.

Invalidité maladie : les deux premiers piliers ne sont pas suffisants !

Sans 3ème pilier, M. Dupont ne peut donc compter que sur ses deux premiers piliers AVS/AI et prévoyance professionnelle (LPP).

Cependant, la rente invalidité n’est versée en moyenne qu’après 2 ans de carence !

Au titre du 1er pilier AVS/AI, M. Dupont perçoit finalement sa rente d’invalidité au montant maximum soit CHF 2 450,- chaque mois. Comme il a un enfant mineur, une allocation complémentaire de CHF 980,- lui est versée .

En cas d’invalidité, après 2 ans de carence, la rente annuelle du 1er pilier avec 1 enfant à charge est comprise entre 

CHF 26 460,- (CHF 1 225,- x 12 + CHF 980,- x 12) 

et 

CHF 41 160,- (CHF 2 450,- x 12 + CHF 980,- x 12).

(montants au 1er janvier 2023)

Avec le 2ème pilier, la prévoyance professionnelle, M. Dupont sait qu’il va percevoir sa rente d’invalidité LPP complémentaire. Il recherche son dernier certificat annuel LPP, dans son classeur bleu et essaie de trouver l’information. Sa rente d’invalidité est toutefois majorée de 20% puisque la petite Julie n’a que 10 ans maintenant. La rente d’invalidité LPP de M. Dupont est de CHF 29 213,- par an (soit CHF 24 344,- + 20%).

Après 2 ans sans revenus, avec les deux premiers piliers, AVS/AI et LPP, M. Dupont reçoit chaque année CHF 70 373,-. 

À cause de la maladie et de son invalidité, M. Dupont subit une perte de revenus de près de CHF 50 000,- soit 41 %  de son ancien salaire.

Le calcul du montant de la rente d’invalidité LPP est propre à chaque caisse de pension. Il s’agit souvent d’un pourcentage du salaire et est fonction du nombre d’années de cotisation.

Ces informations figurent sur votre certificat LPP.

La rente veuve et orphelin en cas de décès

1er pilier AVS/AI

Rente de veuve avec 1 enfant à charge =

 CHF 35 280,- / an

montants 2023

 

2ème pilier LPP

Veuve : 60% de la rente AI 

Orphelin : 20% de la rente AI

La maladie de M. Dupont finit par l’emporter. Après le décès de son mari, Mme Dupont perçoit sa rente de veuve soit CHF 23 520,- par an (CHF 1 960.- /mois) au titre du 1er pilier. Jusqu’aux 18 ans de Julie, Mme Dupont perçoit également une rente AVS pour orphelin soit CHF 11 760,- par an.

Au titre de la LPP (2ème pilier), Mme Dupont ne reçoit que 60% du montant de la rente AI de son défunt mari (CHF 24 344,- x 60%) CHF 14 606,- + 20% de rente orphelin (CHF 24 344,- x 20%) CHF 4 869.- soit un total de CHF 19 475,- annuels.

Suite au décès de son mari, Mme Dupont et sa fille doivent vivre avec CHF 54 755,- par an. Avec CHF 4 653.- par mois et les faibles revenus de son activité de manucure, Mme Dupont a renoncé à faire un voyage avec sa fille lors des prochaines vacances et craint de devoir revendre l’appartement familial à perte…

En cas de décès, quelle rente pour la veuve et l'orphelin ?

Même quand tout se passe bien, le 3ème pilier est indispensable

M. Hoffer déplore les malheurs de la famille de son collègue M. Dupont. Il commence à réfléchir à sa retraite. Il sait que le système AVS lui permettra de percevoir la rente vieillesse maximale car il a cotisé toute sa vie soit CHF 29 400,- par année. (montant 2023)
Grâce au deuxième pilier (LPP), il aura cumulé un capital de CHF 300 000, – (capital moyen d’un salarié en Suisse avec une carrière complète). Si le taux de conversion reste inchangé (6,8%), sa rente annuelle LPP sera donc de CHF 20 400,- par année. Il espère que le taux ne passera pas à 6% comme certains médias l’annoncent déjà.
M. Hoffer va donc voir ses revenus annuels diminuer de près de 60 % à la retraite (CHF 120 000,- > CHF 49 800,- )

M. Hoffer décide de souscrire son 3ème pilier, surtout qu’il sait qu’il pourra déduire de ses impôts CHF 2100,- des CHF 7 000,- versés chaque année (taux marginal d’imposition 30%).

Faut-il souscrire à un 3ème pilier bancaire ou en assurance ? et comment comparer les offres ? Commencer à cotiser à partir de 50 ans était-il un bon choix ? Tout ceci est une autre histoire… À suivre.

Ce qu'il faut retenir :

  • Particuliers : En cas de maladie, décès, vieillesse, ne faire reposer sa prévoyance que sur les deux premiers piliers est préjudiciable à votre sécurité financière.

     

  • Employeurs : Souscrire une Assurance Perte de Gain, c’est garantir un maintien de revenus à vos salariés en cas de problème. Prendre soin de vos collaborateurs, c’est aussi un bon moyen de conserver vos talents dans l’entreprise.

     

  • Gestionnaire des salaires : Et si votre rôle était aussi d’informer les salariés de la nécessité de se préoccuper dès maintenant de leur prévoyance ?

     

  • 3ème Pilier : 3A, 3B, Banque ou Assurances, le bon choix c’est celui qui correspond à votre situation.